Né le 1er mars 1935 à Arville (Belgique), dans le diocèse de Namur
Membre de la SMA le 16 juillet 1956
Ordonné prêtre le 30 juin 1960
1960 - 1961 : Lyon, année pastorale
1961 - 1972 : Kimbongo (Kikwit)
1972 en Belgique, recyclage
1973 - 1976 : Bruxelles, procure, responsable
1976 - 2000 : Travail dans les postes à mi-temps
1976 - 2006 : Jette (Bruxelles), en paroisse à mi-temps
2006 - 2008 : Jette, prêtre auxiliaire et aumônier à Sans Souci
Décédé le 17 février 2008 à Bruxelles, à l’âge de 72 ans
Très bien intégré dans la paroisse de Jette où il œuvrait depuis plus de 30 ans, Henri Theizen logeait seul dans un petit appartement en ville. C'est la raison pour laquelle personne ne s'est inquiété outre mesure le jour où il ne s'est pas présenté à l'hôpital Sans Souci pour y célébrer l'Eucharistie. "Il a dû être empêché et n'a pu nous avertir." Ce n'est que deux jours plus tard qu'on a commencé à se poser des questions, quand il ne s'est pas présenté à la paroisse le jour où c'était son tour de présider. On l'a découvert mort, chez lui, sans doute à la suite d'une attaque cardiaque. Se sentant mal, il avait décroché le téléphone, mais n'avait pas eu le temps d'appeler au secours. Prêtre au contact facile et apprécié, mais d'une grande discrétion, il avait noué durant sa vie de nombreuses relations, il est mort seul, au soir d'une vie entièrement donnée aux autres, et plus particulièrement les petits et les pauvres.
Il naît à Arville, dans le diocèse de Namur, dans le sud du pays. Après ses études primaires dans son village, il entre à 12 ans au petit séminaire des Missions Africaines, à Ave, à une trentaine de kilomètres de chez lui, puis il passe deux ans au collège de la Paix à Namur, et encore deux ans à Martigné-Ferchaud, aux vocations tardives. Ensuite, il suit le cursus normal de préparation au sacerdoce aux Missions Africaines : Chamalières, Chanly et pour finir Lyon où il est ordonné en 1960. Ses formateurs le noteront ainsi : "Intelligence passable, y supplée par son travail, caractère ouvert, très serviable, volonté virile." Après son année de pastorale, avant de l'envoyer au Congo, le père provincial le décrit ainsi : "Le père Theizen refroidit un peu au premier abord. […] Mal jugé au début, on s'est aperçu rapidement qu'il avait beaucoup de qualités. […] Doit apprendre à s'exprimer. […] Ne craint pas le travail."
Il a 26 ans lorsqu'il reçoit sa nomination pour le Congo, dans le diocèse de Kikwit : il est envoyé dans la mission de Kimbongo, une mission étendue, aux nombreux villages, aux communautés dispersées et souvent d'accès difficile : il faut les visiter à pied ou en vélo. Il est ce qu'on appelle dans le pays un "itinérant", comme deux autres de ses confrères dans la même mission. "Vingt jours par mois, nous faisons la visite pastorale d'une partie de nos villages et de nos catéchuménats. A tour de rôle, nous rejoignons le responsable de la mission pour 10 jours. Chacun, selon ses charismes, est responsable de la pastorale, de la catéchèse, de l'organisation scolaire et du développement." Il faut avoir vraiment une bonne santé pour maintenir ce régime pendant 12 années, car, pendant ces trois semaines chaque mois, on mange ce que l'on reçoit, on dort sans aucun confort, on est toujours sur la brèche, on ne peut guère souffler.
Au Congo, il faut savoir tout faire. C'est souvent le missionnaire qui est chargé de l'entretien et de la rénovation des routes, de la construction de ponts ; c'est lui qui est à l'origine de la coopérative, qui travaille à la promotion de la femme africaine. Pour financer tout ce programme, les moyens sont originaux et propres au pays. En plus d'une plantation de café, "la mission de Kimbongo a acheté deux vaches et un taureau ; depuis le troupeau s'est multiplié. Notre évêque de Kikwit a confié à chaque père itinérant une dizaine de vaches et un taureau pour lancer les élevages. Bien que toutes les femelles appartiennent au diocèse, tous les produits mâles sont destinés, après vente, au développement social de la région. Ces élevages ont reçu le nom de 'troupeaux communautaires à but social'. […] J'ai aussi reçu de quoi lancer des étangs." Durant son dernier séjour, il s'était beaucoup investi dans deux secteurs de la mission, à Kifilu Sulu et surtout à Kindundu où il s'était dépensé sans compter, tant au niveau du développement qu'au niveau pastoral dans le but de former des communautés chrétiennes bien vivantes.
On conçoit qu'avec un tel régime les congés en Europe soient les bienvenus. En 1972, à la fin de son congé, bien qu'il ait reçu du docteur le feu vert pour regagner le Congo, l'une des sœurs du père Henri écrit au Conseil provincial, demandant que son frère ne reparte pas de suite en mission, car sa santé n'est pas des meilleures. C'est la raison pour laquelle il est nommé responsable de la procure de Bruxelles, pour l'accueil des confrères, l'animation missionnaire et l'aide de toute sorte à apporter aux confrères dans les missions. Là, il veut être comme Monsieur tout le monde, c'est-à-dire travailler et gagner sa vie. Il s'engage alors pour un travail à mi-temps à la poste, ce qui lui permettra d'avoir des contacts avec une foule de gens. Il va y rester 25 ans, jusqu'à sa retraite, et son engagement le conduira même à être délégué syndical. Il veut aussi s'insérer dans une équipe pastorale pour un bon équilibre sacerdotal, et trouve la paroisse de Jette, au nord-ouest de Bruxelles. Pendant 33 ans, il sera fidèle à cette paroisse. En 2007, l'archevêque de Bruxelles lui envoyait encore la nomination suivante : "Par la présente, nous vous nommons prêtre auxiliaire de l'unité pastorale de Jette. Nous vous confions cette tâche. […] Remplissez-la avec amour et zèle sous la direction et le soin pastoral de votre évêque." Il est heureux à Jette. "Je suis bien intégré dans la pastorale de Jette. Je travaille sur trois paroisses. Nous formons une excellente équipe ; je suis bien dans la peau et c'est le principal."
Le jour de ses obsèques, l'ancien curé de Jette avec qui il a travaillé de nombreuses années, et avec qui il entretenait une réelle amitié, dira de lui : "Il a porté témoignage en s'engageant comme délégué syndical et par ses nombreux liens d'amitié crées avec ses collègues de travail. […] Depuis 30 ans, il s'est mis bénévolement au service des paroisses de Jette. […] Il était aumônier à l'hôpital Sans Souci, a visité des homes pour personnes âgées et a suivi de nombreuses personnes malades durant ces années. Il a rendu service au club de football de Dieleghem. Il était d'une serviabilité sans limite. Il était vraiment ouvert, simple et fraternel. Il était attentif aux petits, aux pauvres, au rejetés et avait le sens du partage et de l'accueil. Il était humble et ne se plaignait jamais. Il n'était pas un grand orateur, mais sa vie entièrement donnée, en toute discrétion, était une page d'évangile en acte."
Sept de ses confrères participaient à la messe d'enterrement à Jette, et, dans la nombreuse assistance, manifestement, bien des personnes n'étaient pas des habitués de l'église : c'est l'amitié ou la reconnaissance qui les avaient fait venir. Plusieurs témoignages, dont l'un d'une Congolaise, ont terminé la cérémonie. L'inhumation a eu lieu dans son village natal, à Arville, et il repose maintenant dans le petit cimetière du village aux côtés de ses parents.
P. Bernard Favier, sma